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L’expression de la causalité en langue maternelle et en langue étrangère

Résumé de l'annonce (2 lignes maximum): 
Colloque en ligne de l'Université Catholique Jean-Paul II de Lublin (Pologne), 20-21 mai 2021

Nouvel appel pour colloque international à distance
20-21 mai 2021

L’expression de la causalité en langue maternelle et en langue étrangère
Université Catholique Jean-Paul II de Lublin (Pologne)

organisé par :
Urszula Paprocka-Piotrowska (Université Catholique de Lublin, Pologne)
Claire Martinot (Sorbonne Université, France)
Tomislava Bošnjak Botica (Institut de Langue Croate et de Linguistique, Croatie)
Sonia Gerolimich (Université d’Udine, Italie)

Argumentaire :

La causalité est d’abord le résultat d’une interprétation que notre esprit pose entre deux situations, états, événements dont l’un détermine l’autre. La causalité est donc une relation orientée, exprimée en langue par un type d’enchaînement argumentatif (Carel, 2001, Ducrot, 2001) qui se manifeste de façon très diversifiée dans les langues, y compris sans l’appui (explicite) d’un marqueur comme en (1).
(1) Pierre est très heureux, il part au Groenland
Parmi les caractéristiques de l’expression de la causalité, on peut relever que le nombre des connecteurs dédiés à la relation causale (fr. parce que, puisque, car, comme et quelques autres) est réduit ou encore que les relations causales ne soient pas toutes réversibles. Ainsi (1) peut être interprété comme en (1a) ou comme en (1b) :

(1a) Pierre est très heureux parce qu’il part au Groenland. -> P PCQ Q
(1b) Pierre part au Groenland, donc il est très heureux. -> Q DC P

En (2), en revanche, la relation en donc est douteuse :
(2) Chloé aimait le froid parce qu’elle dormait mieux. (?? Chloé dormait mieux donc elle aimait le froid)

Une autre caractéristique de la relation causale (en français et en anglais, entre autres langues) est la proximité de pour et parce que (3) :
(3) Max a été puni pour son insolence. (= parce qu’il a manifesté de l’insolence)

En ancien français pour (ce que) Q et par (ce que) Q étaient proches (Gross & Nazarenko, 2004 : 19).

On se demandera également dans quelle mesure la langue distingue les différents types de causalité envisagés par notre pensée : la cause fortuite, factuelle (4 et 5) versus la cause volontaire, humaine (6). Ou encore, si la langue distingue différents degrés de causalité : causalité faible (7) ou causalité forte (8) :
(4) Les rues ont été inondées par des torrents de boue.
(= parce qu’il y avait des torrents de boue, à cause des torrents de boue, où la préposition par, introduisant le « complément d’agent » introduit (plutôt ?) un complément de cause)
(5) La lumière apparaît à l’horizon parce que le soleil se lève.
(6) Les congères ont été dégagées par des chasse-neige. (= parce que des chasse-neige (conduits par Nhum) se sont mis en action)
(7) Tom est très heureux, il ne sait plus quoi dire.
(8) Tom est tellement heureux qu’il ne sait plus quoi dire.

Ces quelques exemples sont loin d’épuiser les différents types de causalité (corrélation logique (9), relation temporelle (10), circonstancielle (11) …) et les différents moyens dont chaque langue dispose pour exprimer les relations causales :
(9) Plus il y a de brouillard, plus la visibilité est réduite.
(10) Quand il y a du brouillard, la visibilité est réduite.
(11) Avec le brouillard, la visibilité est réduite.

Le questionnement linguistique sur le fonctionnement des relations causales dans toute langue ou entre plusieurs langues constitue l’axe 1 du colloque.

L’axe 2 du colloque sera plus directement lié à la production et à la compréhension des relations causales par des locuteurs spécifiques. En effet, la diversité des moyens mis par chaque langue à la disposition des locuteurs n’implique pas que ces moyens soient utilisés de la même façon par les uns et les autres. Enfants ou adultes, locuteurs natifs ou allophones, en production/compréhension orale ou écrite, sont autant de paramètres qui vont influencer l’expression des relations causales.
Seront bienvenues les communications qui aborderont, dans tout cadre théorique, l’acquisition des relations causales :
- par des enfants d’âges différents, dans plusieurs langues maternelles,
- par des enfants ou des adultes ayant des troubles du langage,
- par des adultes allophones en langue étrangère,
- par des locuteurs plus ou moins scolarisés dont on comparera le même discours à l’oral et à l’écrit.

Si l’on peut admettre, à la suite de Kant, que la causalité est une catégorie a priori de l’entendement, et qu’elle ne dérive donc pas de la seule observation des faits, son expression linguistique reste, en grande partie, déterminée par les moyens linguistiques disponibles dans chaque langue et la capacité de chaque locuteur à comprendre la présence et la spécificité de chaque relation causale dans le discours entendu. Les moyens d’expression de la causalité relèvent donc de l’observation que font tous les locuteurs de la langue qu’ils acquièrent.

Références indicatives :
Anscombre, Jean-Claude, 1984. La représentation de la notion de cause dans la langue, Cahiers de grammaire, 4, 1-53.
Benazzo, Sandra, 2004. L’expression de la causalité dans le discours narratif en français L1 et L2, Langages, 155, 33-51.
Boniecka, Barbara, 1995, Pragmatyczne apekty wypowiedzi dziecięcych. Lublin, Wydawnictwo UMCS.
Carel, Marion, 2001, Argumentation interne et argumentation externe au lexique : des propriétés différentes, Langage, 142, 10-21.
Christoforou, Nathalie, Christofi, Marina, 2014. Expression de la cause dans les productions écrites et orales en FLE: apprenants chypriotes hellénophones, Colloque international des Etudiants chercheurs en Didactique des langues et en Linguistique, Lidilem, Juin 2014, Grenoble, France (hal-01252335).
Couper-Kuhlen, Elizabeth & B. Kortmann, Bernd (Eds.), 2000. Cause, condition, concession and contrast: Cognitive and discourse perspectives. Berlin-New York, Mouton de Gruyter.
Diessel, Holger, 2004. The acquisition of complex sentences. Cambridge: CUP.
Ducrot, Oswald, 2001. Critères argumentatifs et analyse lexicale, Langage, 142, 22-40.
Gross, Gaston, 2010. Sémantique de la cause, Paris, Vrin.
Gross, Gaston et Nazarenko, Adeline, 2004. Quand la langue cause : contribution de la linguistique à la définition de la causalité, Intellectica, 2004/1, 38, 15-41.
Grunig, Blanche-Noëlle et Roland, 1985. La fuite du sens dans l’interlocution, Paris, LAL Crédif, Hatier.
Jisa, Harriet, Mazur Audrey, 2006. L’expression de la causalité : une étude développementale, Actes du colloque Des savoirs savants aux savoirs enseignés, Namur, Presses universitaires de Namur, 33-60.
Martinot, Claire, 2013. L’acquisition de la causalité est-elle comparable chez tous les enfants ? Travaux de linguistique, 66, 15-52.
Nazarenko, Adeline, 2000. La cause et son expression en français, Paris, Ophrys.
Pilecka, Ewa, 2007. « Mourir d`ennui, s`ennuyer à mort » : quelques problèmes de description et de la traduction de syntagmes prépositionnels circonstants / pseudo-circonstants de cause en français et en polonais, Bulletin de Linguistique Appliquée et Générale, 32, 145-163.
Sanders, Ted & Sweetser, Eve (Eds.), 2009. Causal categories in discourse and cognition, Berlin, Mouton de Gruyter.
Van Den Broek, Paul, 1990. Causal inferences and the comprehension of narrative texts, Psychology of Learning and Motivation, 25, 175-196.

Comité de lecture :
Birtić Matea, Institut de Langue Croate et de Linguistique
Bramati Alberto, Université de Milan
De Gioia Michele, Université de Padoue
Do-Hurinville Danh Thành, Université Bourgogne-Franche-Comté
Druetta Ruggero, Université de Turin
Gueorguieva Steenhoute Elena, Institut de sciences politiques de Paris
Hržica Gordana, Université de Zagreb
Jo Mihwa, Université autonome de Barcelone
Karpińska-Szaj Katarzyna, Université Adam Mickiewicz, Poznań
Marque-Pucheu Christiane, Sorbonne Université
Muller Claude, Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3
Oraić Rabušić Ivana, Institut de Langue Croate et de Linguistique
Piotrowski Sebastian, Université Catholique Jean Paul II de Lublin
Piotrowska-Skrzypek Małgorzata, Université de Varsovie
Richard Elisabeth, Université Rennes 2
Romero Clara, Université de Paris
Stabarin Isabelle, Université de Trieste
Wojciechowska Bernadeta, Université Adam Mickiewicz, Poznań
Vecchiato Sara, Université d’Udine

Modalités d’envoi des propositions de communication :
Les langues du colloque sont le français et l’anglais. Les propositions, rédigées dans la langue de communication, sont à envoyer pour le 15 janvier 2021 à l’adresse suivante : cause.lublin2020@gmail.com
Les propositions (Word) devront avoir une longueur de 600 à 800 mots et comporter le titre de la proposition, le nom et le prénom du ou des auteurs et leur affiliation. Les références, en fin de communication, sont uniquement celles qui sont évoquées dans le texte de la proposition. Les propositions seront anonymisées avant évaluation.
La réponse d’acceptation ou non est prévue pour le 15 février 2021.
Le site du colloque sera accessible en janvier.
Un appel à publication dans la revue de linguistique Rasprave (http://ihjj.hr/stranica/rasprave-casopis-instituta-za-hrvatski-jezik-i-j...) sera envisagé à l’issue du colloque.
Les modalités de participation à distance et le programme seront envoyés ultérieurement.
Les droits d’inscription pour les participants s’élèvent à 60€ (40€ pour les étudiants).
Les membres de la CRL à jour de leur cotisation 2021 (au 30 mars 2021) sont exonérés des droits d’inscription.
Pour le Comité d’Organisation :
Urszula Paprocka-Piotrowska, Claire Martinot,
Tomislava Bošnjak Botica, Sonia Gerolimich

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. Call for papers International online conference
Expressing causality in L1 and L2
20-21 May 2021
Catholic University John-Paul II, Lublin (Poland)

Organized by :
Urszula Paprocka-Piotrowska (Catholic University John-Paul II, Poland)
Claire Martinot (Sorbonne University, France)
Tomislava Bošnjak Botica (Institute of Croatian Language and Linguistics, Croatia)
Sonia Gerolimich (University of Udine, Italy)

Causality is, first of all, the result of an interpretation that our mind poses between two situations, states, events, one of which determines the other. Causality is, therefore, an oriented relation, expressed in language by a type of argumentative sequence (Carel, 2001, Ducrot, 2001) which manifests itself in very diverse ways in the language, including without the (explicit) support of a marker as in (1).

(1) Pierre is verry happy, he is going to Greenland.

Among the characteristics of the expression of causality, one can note that the number of connectors dedicated to the causal relation (Fr. parce que, puisque, car, comme and some others) is reduced or that the causal relations are not all reversible. Thus (1) can be interpreted as in (1a) or as in (1b):

(1a) Peter is very happy because he is going to Greenland.-> P BECAUSE Q
(1b) Peter is going to Greenland, so he is very happy. -> Q SO P

In (2), on the other hand, the relation with so is unlikely:

(2) Chloe liked the cold because she slept better. (?? Chloe slept better so she liked the cold)

Another feature of the causal relationship (e.g. in French and English) is the proximity of for and because (3):

(3) Max was punished for being rude. (= because he demonstrated rudeness)

In Old French pour (ce que) Q and par (ce que) were close (Gross & Nazarenko 2004: 19).

We shall explore to what extent language distinguishes the different types of causality envisaged by our thought: the fortuitous, factual cause (4 and 5) versus the voluntary, human cause (6). Or again, if the language distinguishes different degrees of causality, for example weak causality (7) or strong causality (8):

(4) The streets were covered with streams of mud.
(= because there were streams of mud, because of the streams of mud, where the preposition with introducing the «agent complement» actually introduces the causal complement)
(5) The light appears on the horizon because the sun rises.
(6) Snowdrifts were cleared by snowploughs. (= because snowploughs (driven by Nhum ) did it)
(7) Tom is very happy, he doesn’t know what else to say.
(8) Tom is so happy that he doesn’t know what else to say.

These several examples are far from exhausting the various types of causality (logical correlation (9), temporal relation (10), circumstantial relation (11), etc.) and the various means that languages use to express causal relations:

(9) The more fog there is, the more visibility is reduced.
(10) When there is fog, visibility is reduced.
(11) With this fog, visibility is reduced.

Linguistic inquiry on the functioning of causal relations in any language or between several languages constitutes Axis 1 of the conference.

Axis 2 of the conference will be more directly related to the production and understanding of causal relations by specific speakers. Indeed, the diversity of the means made available by each language does not imply that these means are used in the same way by its speakers.
Children or adults, native or non-native speakers, in oral or written production/comprehension – there are numerous parameters that could influence the expression of causal relations.
We welcome proposals which will present, in different theoretical frameworks, the acquisition of causal relations:
- by children of different ages, in several mother tongues,
- by children or adults with language impairments,
- by adults who speak a foreign language,
- by more or less educated speakers whose same speech will be compared both orally and in writing.

If we can concede, following Kant's reasoning, that causality is an a priori category of understanding, and that it does not derive from the sole observation of facts, its linguistic expression remains largely determined by the linguistic means available in each language and each speaker's ability to understand the presence and specificity of each causal relation in a specific discourse. The means for expressing causality thus depend on speakers' observation of the language that they are acquiring.

References (see above in the French version)

Abstract submission:
The languages of the conference are French and English.
The proposals should be sent by 15 January 2021 to the following address:
cause.lublin2020@gmail.com

Abstract (Word) have to be 600 to 800 words in length and include the title of the proposal, the name and first name of the author(s) and their affiliation. The references at the end of the abstract are only those mentioned in the text.

Notification of acceptance will be sent to the corresponding author by 15 February 2021.

The conference site will be accessible in january.

Papers will be considered for publication in the Croatian linguistic journal Rasprave
http://ihjj.hr/stranica/rasprave-casopis-instituta-za-hrvatski-jezik-i-j....

Registration fees: 60 euros (40 euros for students)

Payment methods and practical information regarding online participation will be announced later.

CRL members who pay their annual membership fees by 31 March 2021 are exempted from registration fees.

On behalf of the Organising Committee :
Urszula Paprocka-Piotrowska, Claire Martinot,
Tomislava Bošnjak Botica, Sonia Gerolimich

Suggéré par: 
Sonia Gerolimich
Courriel: 
sonia.gerolimich@uniud.it
Date de début ou date limite de l'événement: 
15/01/2021
Date de fin de l'événement: 
21/05/2021
Ville de l'événement: 
Distanciel
Type d'événement: 
Appels à contribution
Catégorie principale: 
Mots-clés: 
Causalité ; expression de la cause ; relations causales ; locuteurs ; langue ; acquisition ; apprentissage
Nom du contact: 
Sonia Gerolimich, Urszula Paprocka-Piotrowska, Claire Martinot, Tomislava Bošnjak Botica
Courriel du contact: 
cause.lublin2020@gmail.com