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Conférence internationale "LinC (Linguaggi della crisi) - Les langages de la crise entre virus et politique : formes du discours et modèles de communication"

Résumé de l'annonce (2 lignes maximum): 
Ce colloque vise à solliciter une réflexion commune valorisant les interférences et les “contaminations” entre des disciplines qui, à partir de leur diversité, offrent un apport essentiel aux “langages de la crise”.

Le colloque international et multidisciplinaire "Les langages de la crise entre virus et politique" se donne pour objectif de réfléchir aux formes de discours, aux langages et aux modèles de communication qui sont apparus lors de la crise pandémique de la Covid-19.
Les axes privilégiés par ce colloque sont prioritairement les pandémies dans la narration historico-politique ; l’exercice du pouvoir, les formes du discours et de la décision politique en temps de pandémie ; le rôle des médias ; les formes du langage en temps de coronavirus ; la représentation de l’Autre comme danger potentiel ; les inégalités et les asymétries sociales exacerbées par la pandémie.
L’allègement progressif des restrictions de l’autonomie individuelle et de la liberté subjective, l’annonce du plan de relance Next Generation EU et le début de la campagne de vaccination ont engendré des changements essentiels pour les pays de l’UE par rapport aux scénarios qui étaient apparus au début de la crise. Deux ans plus tard, non seulement l’unité et une visée politique partagée, surtout au niveau européen, ont cédé aux aléas d’un contexte d’incertitude (Moirand 2021), d’équilibres précaires et de décisions qui ne font pas l’unanimité, mais l’instabilité internationale est désormais accrue par les retombées de la guerre en Ukraine.
Ainsi l’année 2022 a-t-elle débuté par nombre de questions encore irrésolues. Face à une campagne intensive de vaccination, les personnes qui continuent à nier l’existence du virus et l’efficacité du vaccin sont nombreuses. Cela contribue à alimenter des thèses hostiles au système de soins mis en place, à construire et à diffuser des « vérités alternatives » vis-à-vis du discours scientifique, basé sur un « savoir de connaissance » (Charaudeau 2020). La circulation d’informations souvent dévoyées, imprécises, non-vérifiées, a généré une désinformation (Sini, Cetro 2020), voire une contre-information qui ont influencé l’opinion publique au point que l’“infodémie” est devenue l’un des enjeux de la pandémie.
L’époque actuelle, dite postmoderne, doit faire face à une multiplicité de canaux d’information parmi lesquels il est difficile d’identifier la vérité, comme le remarque Charaudeau (2020). Il est alors opportun de poser la question du “post”, mais également celle de la responsabilité d’information de la politique et des médias (Moirand 2007). En effet, dans un contexte marqué par des tentations “négationnistes” et conspirationnistes, qui peuvent déboucher sur un révisionnisme historique, et par des contradictions sociales et politiques importantes, des tendances qui se sont manifestées au début de l’urgence sanitaire sont destinées à perdurer, ainsi que des dynamiques anciennes et nouvelles dans les domaines de la politique, de la communication, de l’emploi, de l’éducation et des rapports sociaux. Pendant les périodes les plus critiques de la crise sanitaire, les gouvernements des pays européens se sont au fur et à mesure appuyés sur des « frames » (Wodak 2021) différents pour légitimer les mesures gouvernementales imposées à la population – la religion, le dialogue, la confiance dans les institutions, et même la guerre, par le biais d’un lexique martial (cf. Semino et al. 2021 ; Charteris-Black 2021).
Tant les épidémies et les pandémies du passé que la pandémie actuelle révèlent qu’il est de plus en plus difficile de récupérer des valeurs fondées sur l’égalité, la solidarité et l’harmonie sociale. Cela s’observe notamment dans les transformations liées à l’emploi, où des asymétries croissantes ont également une influence sur l’intermédiation des intérêts et sur les relations entre les genres. À ce propos, toutes les avancées sociales qui ont été obtenues dès le début du XXIe siècle sont remises en cause, surtout relativement aux femmes, qui sont menacées par des violences, par la précarité dans l’emploi mais aussi par une gestion complexe de leur vie professionnelle et de leur travail de soin.
La crise sanitaire a en outre mis en évidence la vulnérabilité et la fragilité d’une société sophistiquée et complexe qui, pour se maintenir en équilibre, est convaincue de ne pas pouvoir ralentir et encore moins s’arrêter. La distanciation sociale et l’auto-confinement n’ont pu qu’accroître la portée de phénomènes déjà existants, auxquels se sont ajoutées des formes de distance émotionnelle, de perte de relations avec l’Autre – perçu comme une menace –, de limitation dans nos capacités sociales, ainsi que d’empathie des citoyen-ne-s.
À un autre niveau, la pandémie a entraîné des changements dans les relations géopolitiques qui se sont manifestés par une tendance à une « renationalisation », à une (ré-)actualisation de l’État-nation (Wodak 2020), ayant pour conséquence la fermeture de certaines frontières et le non respect du traité de Schengen, afin de « garder le virus dehors » (Wodak 2021). On a alors assisté à un renforcement d’orientations promues par des leaders populistes qui ont utilisé la pandémie pour légitimer des politiques de fermeture et d’éloignement (cf. Arienzo et al. 2021), lesquelles, en termes discursifs, peuvent déboucher sur des formes de haine plus ou moins directe (cf. Baider, Constantinou 2019 ; Lorenzi Bailly, Moïse 2021).
Au nom de la sécurité publique, le domaine politico-institutionnel et les garanties de l’État de droit des démocraties libérales ont été mis à rude épreuve sur le plan de la gestion de l’urgence sanitaire, qui a parfois même été interprétée comme un “état d’exception”. Une situation qui a mis en lumière des aspects critiques de la relation entre liberté et santé notamment par le biais du contrôle social et numérique, de la “démocratie immunitaire”, en passant par un “gouvernement d’experts” et une domination de la peur, qui semble désormais tracer les contours d’une « fobocrazia » (Di Cesare 2020). Ce qu’on a défini comme une « syndémie » a en fait révélé un rapport, au niveau mondial, entre inégalités socioéconomiques, impact des activités humaines sur l’environnement, appauvrissement de la biosphère et tensions croissantes au sein de tout système politique (cf. Arienzo et al. 2021).
Dans un scénario où il semble que la pandémie ait alimenté un « imaginaire dystopique » désormais assumé tant par la culture de masse que par la culture académique (Ceretta 2021), le colloque international Les langages de la crise entre virus et politique : formes du discours et modèles de communication vise à solliciter une réflexion commune valorisant les interférences et les “contaminations” entre des disciplines qui, à partir de leur diversité, offrent un apport essentiel aux “langages de la crise”. À cet effet, les axes privilégiés par ce colloque sont prioritairement

1) les pandémies dans la narration historico-politique : paradigmes culturels, formes de la crise et catégories de la pensée ;
2) l’exercice du pouvoir, les formes du discours et de la décision politique en temps de pandémie ;
3) le rôle des médias, entre la responsabilité d’informer et la dégénération de l’information transmise ;
4) les formes du langage en temps de coronavirus entre néologismes, métaphores, imaginaires sociaux, négationnisme et discours de haine ;
5) la représentation de l’Autre comme danger potentiel : de l’étranger à l’“ennemi” public et politique ;
6) les inégalités et les asymétries sociales exacerbées par la pandémie, notamment le discours de genre et la condition des femmes.

Modalités d’adhésion
Nous attendons des propositions de communication, en français, en anglais ou en italien, avant le 30 juin 2022, au format word, à l’adresse linc2022@uniba.it. Le fichier devra contenir le nom et le prénom de l’auteur-e ou des auteur-e-s, l’affiliation institutionnelle, une adresse électronique, le titre, le résumé (350 mots, y compris cinq mots-clés et les références bibliographiques citées), l’axe ou les axes d’intérêt. L’objet du courriel sera : LinC2022 – Prénom et nom de l’auteur-e ou des auteur-e-s.
Les avis d’acceptation seront communiqués aux auteur-e-s le 15 septembre 2022 au plus tard. Les interventions auront une durée de 20 minutes.

Suggéré par: 
Alida Maria Silletti
Courriel: 
alida.silletti@uniba.it
Date de début ou date limite de l'événement: 
01/12/2022
Date de fin de l'événement: 
02/12/2022
Ville de l'événement: 
Bari
Type d'événement: 
Appels à contribution
Catégorie principale: 
Mots-clés: 
Autre ; apocalypse ; catastrophe ; communication ; complotisme ; confinement ; conflit ; contrôle ; démocratie ; discours ; droits ; dystopie ; ennemi ; état d’exception ; inégalités ; infox ; insécurité ; genre ; haine ; liberté ; langage ; métaphore ; p
Nom du contact: 
Comitato organizzativo
Courriel du contact: 
linc2022@uniba.it