Le colloque propose d’analyser l’œuvre de Marguerite Yourcenar en relation à l’autrice et aux différentes postures qu’elle a adoptées au cours de son existence. D’abord bien insérée dans la vie littéraire des premières années 1930, elle s’est ensuite de plus en plus retirée de la scène : son départ pour les États-Unis a coïncidé avec la progressive construction de son personnage, devenue prépondérante dans les années qui l’ont vue, d’une part brûler des tas de documents qu’elle ne voulait pas consigner à la postérité, de l’autre mettre sous scellé certains textes, qui ne seront accessibles à la critique qu’à partir de 2037.
En plus, elle entreprend l’écriture d’une trilogie autobiographique où son moi est masqué par les ombres de ses ancêtres, comme si elle ne savait se livrer que par la médiation de l’altérité. Ce « je » qui donne unité à l’œuvre est de toute évidence une construction, une œuvre elle-même. Ce que nous offre Yourcenar lorsqu’elle dit « je » en son propre nom est, de fait, la figure d’un auteur « impliqué », comme dirait Wayne Booth, à savoir non certes la femme Marguerite, mais plutôt son moi littéraire.
La volonté d’avoir un entier contrôle sur la réception de son œuvre explique aussi ses préfaces et ses épitextes en général. Les écrits avec lesquels elle a accompagné ses œuvres de fiction ont contribué à définir son autorité autant que son auctorialité. Cela n’empêche que le « je » qui intervient à propos de son œuvre, « sans appartenir à la fiction que l’œuvre présente, n’en est pas moins fictif » (Rabau). Parce que « l’auteur serait à une œuvre ce que le narrateur est à une fiction : certes une garantie de l’unité et de sens, mais également une instance qui demeure une construction fictive » (Rabau).
Sur cette base, nous proposons de jeter un regard sur les contradictions du personnage Marguerite Yourcenar, mais aussi sur les écarts possibles entre la signification qu’elle a voulu imposer à certaines de ses œuvres et la lecture qu’en a faite la critique.
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