La poésie, selon les tenants du sanctuaire de l’art, ne devrait pas souffrir d’incorrection ; cependant, au XIXᵉ siècle, l’incorrection semble apporter un souffle nouveau, ainsi qu’une manière de questionner le statut même de ce genre prétendu « noble ». Aux alentours des années 1870, la parole poétique – tour à tour « subversive », « dérèglée », « contestataire », « dissonante » – se sert de l’incorrection comme d’une force novatrice. Il faut « trouver une langue », affirme Rimbaud. Quand Proust intervient dans la querelle du style de Flaubert, il inscrit ses « fautes perpétuelles » dans une plus vaste « beauté grammaticale, […] qui n’a rien à voir avec la correction » et assure une forme de rythme et de continuité stylistique. Au XXᵉ siècle, l’« incorrect » semble être devenu un acquis, un point de départ nécessaire pour « faire de la poésie » et redoubler ainsi les audaces. Dans ce colloque international, organisé en collaboration avec la Région VdA, la Chaire Senghor, l’Université de Rome 3 et l’ITEM de Paris (Institut des Textes et Manuscrits modernes, CNRS et ENS), nous proposons d’explorer l’incorrection en poésie selon plusieurs axes. L’incorrection est-elle la sublimation du style ou sa négation ? Est- ce qu’elle contribuerait à l’évolution de la langue, du style, de la prosodie ?