La polysémie du mot médiation reflète l’existence protéiforme de la médiation elle-même. Si, d’une part, le foisonnement des pratiques médiatives invite les spécialistes et les professionnels à trouver un accord sur les fondements théoriques essentiels utiles à la définir – un éclaircissement est requis en effet pour autonomiser la médiation comme discipline à part entière et la sauvegarder comme modus operandi au quotidien –, de l’autre, l’instabilité sémantique du mot, par son renvoi à la pluralité des pratiques médiatives (et soi-disant telles), réclame des études linguistiques ponctuelles sur, par exemple, les discours sur la médiation, c’est-à-dire concernant les principes d’une théorie de la médiation, et de(s) médiation(s) civile, familiale, institutionnelle, scolaire, sanitaire, etc.
L’attention à la langue et au choix des mots est un enjeu central de la formation des médiateurs.
Dans la mesure où la présence du médiateur dans le processus de
médiation est liée à la plus stricte impartialité, toute défaillance
communicative risque d’en compromettre l’issue. Les sciences du langage
sont donc un outil précieux non seulement pour enquêter sur les échanges
(à l’écrit comme à l’oral) qui relèvent de toutes les pratiques se
réclamant de la médiation, mais aussi pour aider les médiateurs à
choisir les stratégies communicatives les plus appropriées.
Sous la direction de Michele De Gioia (Université de Padoue), ce Colloque international fournira une approche scientifique des retombées théoriques, pratiques, voire économiques, de l’analyse rigoureusement linguistique de la médiation.
Des linguistes, des médiateurs et des juristes apprécieront l’impact
qu’une attention à la dimension linguistique peut apporter, d’un côté,
en matière de précision conceptuelle, à l’égard de la médiation et, de
l’autre, en termes de confiance envers toutes ses déclinaisons. Le
Colloque sera aussi l’occasion de partager des réflexions sur les
difficultés et les malentendus soulevés par le délaissement de la langue
quand on traite de médiation ou quand on la pratique.
Seront présentées par conséquent des recherches portant sur les divers
aspects linguistiques (morphosyntaxiques, lexicaux, textuels,
conversationnels etc.) qui caractérisent les discours sur la médiation
et de(s) médiation(s). Toutes les études s’efforceront de donner une
réponse à l’urgence réelle de mieux expliquer et relancer la médiation comme « processus de communication éthique » sur les différents plans de l’existence sociale et pour chaque moment de la vie.