L’analyse de la métaphore peut être abordée par une perspective à la fois diachronique et synchronique en examinant plusieurs typologies de corpus et de textes. Ce colloque accordera un intérêt particulier à l’analyse de plusieurs typologies de discours, notamment le discours scientifique, technologique, médiatique, touristique, publicitaire, politique, juridique, philosophique, historique, littéraire, artistique et didactique.
Depuis toujours, les philosophes et les linguistes ont réfléchi sur la centralité de la métaphore dans la pensée humaine. Cette longue réflexion a montré, au cours des siècles, combien cette notion est importante pour la définition des concepts, des archétypes et des modèles qui peuplent le quotidien. La métaphore est intervenue dans le langage quotidien pour satisfaire à la fois un prétexte stylistique, une inopie lexicale et pour traduire une série de processus créatifs franchissant les seuils du processus logique-inférentiel.
Dans ce sens, le premier pas de notre colloque consiste, précisément, à prendre acte de la dimension langagière et cognitive de la métaphore en développant un interrogatif sur trois éléments qui se renvoient continuellement l’un l’autre : la créativité, le figement et le discours.
La tension sémantique du mot « créativité » nous révèle une configuration démiurgique qui a été abordée par plusieurs philosophes. Platon, par exemple, éclaircie cette notion en sélectionnant quatre mécanismes dynamiques qui jouent un rôle essentiel dans la construction du processus créatif : la pòiesis, la mimesis, l’aìsthesis et la càtharsis. À son tour, Aristote articule sa définition de créativité en dégageant l’idée des associations mentales. Au cours des siècles, la créativité s’ouvre à plusieurs perspectives : de la faculté créative de Vico au génie créatif du Romantisme allemand et, successivement, de Kant ; du transcendantalisme émersonien à la définition de Poincaré ; des approches psychologiques aux approches prototypiques de Rosch ; des approches cognitives américaines jusqu’à arriver à la perspective neuropsychologique. La multiplicité des parcours interprétatifs laisserait croire que la créativité franchit à la fois la dimension langagière et la dimension conceptuelle.
Dans cette optique, il serait utile d’approfondir les mécanismes de la création langagière et de la fonction heuristique de la métaphore dans le domaine de la terminologie, de la lexicologie et de la pragmatique. De surcroît, il serait intéressant d’examiner les projections des correspondances épistémiques qui donnent lieu à des projections plus actives faisant découler des expressions métaphoriques conventionnelles (idioms, collocations, locutions, phrasèmes, proverbes, pragmatèmes, figement phonétique, etc.) ; à des projections métaphoriques moins actives (p.ex. les expressions défigées) et à des projections métaphoriques inactives qui produisent des expressions créatives (p.ex. les constructions néologiques).
Même l’examen des mécanismes de compréhension et interprétation de la métaphore pourrait jouer un rôle essentiel pour éclaircir la dimension expérientielle, intentionnelle et/ou incarnée de la créativité.
À son tour, le figement nous révèle une tendance mécanique qui règle une bonne quantité du système linguistique (Saussure, 1967 [1916]). Beaucoup de chercheurs ont été attentifs à la dimension sémantique du figement, parfois, en analysant la figuration (Gréciano, 1982) ou la conceptualisation (Mejri, 1997 et 1998); d’autres fois, en réfléchissant sur des aspects particuliers relatifs à la sémantique comme, par exemple, la prototypicité (Kleiber, 1994), la polysémie (Kleiber, 1999) ou l’inférence (R. Martin, 1976).
Nous allons, ici, nous interroger sur la phraséologie, c’est-à-dire l’ensemble des formes complexes appartenant à plusieurs catégories syntaxiques plus ou moins figées et plus ou moins figurées. L’accent sera mis sur la transformation graduelle d’un usage figuré à un usage plus littéral et vice versa, en cherchant de comprendre le mécanisme d’adéquation, de dé-métaphorisation et de métaphorisation (Halliday, 1994: 348). En même temps, on pourrait dédier notre attention au défigement des séquences polylexicales et aux processus de ré-métaphorisation. À côté de la dimension linguistique du figement et, toujours dans cette direction, nous pourrions aussi travailler sur la cristallisation des idées qui se déroule sur le plan conceptuel.
De surcroît, l’examen de la phraséologie mobilise également d’autres concepts comme celui de la métaphore conceptuelle, de la motivation et de l’analogie (Lakoff et Johnson, 1980 et 1999 ; Lakoff. 1987 ; Prandi, 1987 et 1992 ; Lakoff et Turner, 1989 ; Hofstadter et al., 1995 ; Gentner et al., 2001 ; Kövecses, 2001 et 2002 ; Dobrovol’skij et Piirainen, 2005 ; Steen et al., 2010 ; Monneret, 2014 et 2018 ; Rossi, 2015 et 2021 ; Paissa et al., 2020).
Le troisième élément sur lequel nous essayons de réfléchir est le discours, c’est-à-dire « le lieu où se forgent et se métamorphosent en permanence les unités complexes de la langue » (Fiala, 1987 : 30). Il s’agit d’un espace ouvert où les unités phraséologiques sont des moules permettant de le faire fonctionner. Ces combinaisons dépendent de la liberté expressive du sujet locuteur et se situent à l’articulation de la langue et du discours (Benveniste, 1966 ; Bally, 1951 [1909]).
Dans cette perspective, nous privilégions l’analyse des éléments phraséologiques au sein des discours. On met donc l’accent sur l’identification, la compréhension et le fonctionnement d’un phraséosystème (González Rey, 2021), des configurations discursives, des éléments figés et des métaphores circulant dans plusieurs typologies de discours, qui garantissent la cohésion et la cohérence d’un texte et qui participent, implicitement ou explicitement, à la transmission des informations et des connaissances.
La question directrice du colloque sera donc d’essayer de spécifier le fonctionnement linguistique et conceptuel de la métaphore. Plus largement, le colloque accueillera favorablement toute contribution visant à faire émerger les rapports entre la métaphore et les trois concepts interrogés : créativité, figement et discours.
L’analyse de la métaphore peut être abordée par une perspective à la fois diachronique et synchronique en examinant plusieurs typologies de corpus et de textes.
Ce colloque accordera un intérêt particulier à l’analyse de plusieurs typologies de discours, notamment le discours scientifique, technologique, médiatique, touristique, publicitaire, politique, juridique, philosophique, historique, littéraire, artistique et didactique.
Les communications pourront être situées dans le cadre, non exhaustif, des thématiques suivantes :
métaphore et catégorisation dans le lexique ;
métaphore, synonymie et polysémie ;
métaphore et iconicité dans le lexique, dans la morphologie et dans la syntaxe ;
métaphore et changement linguistique ;
métaphore et linguistique spontanée (étymologie populaire) ;
figement et dimension historique ;
figement, défigement et métaphores ;
métaphore, phraséologie et genres discursifs ;
métaphore, phraséologie et traduction ;
rôle de la métaphore dans la formation et le développement des concepts ;
néologie et métaphore ;
terminologie et langue de spécialité ;
phraséologie, métaphore et didactique des langues ;
phraséologie, métaphore et outils pédagogiques (p.ex. grammaires, dictionnaires, manuels et corpus) ;
phraséologie et sémantique cognitive ;
motivation sémantique ;
grammaires des constructions ;
rôle des mécanismes cognitifs dans l’enseignement/apprentissage de la phraséologie ;
actualité de la recherche sur la métaphore et la phraséologie en psychologie et sémantique cognitives ;
métaphore et iconicité dans les textes.
Conférenciers invités
Lorenzo Devilla (Università degli Studi di Sassari)
Elisabetta Gola (Università degli Studi di Cagliari)
María Isabel González Rey (Universidade de Santiago de Compostela)
Micaela Rossi (Università degli Studi di Genova)
Gerard J. Steen (Universiteit van Amsterdam)
Maurizio Trifone (Università degli Studi di Cagliari)
Comité scientifique
Guy Achard-Bayle (Université de Lorraine)
Mariangela Albano (Università degli Studi di Cagliari)
Jana Altmanova (Università degli Studi di Napoli “L’Orientale”)
Riccardo Badini (Università degli Studi di Cagliari)
Rym Bardaoui (Université de Tunis)
Annamaria Bartolotta (Università degli Studi di Palermo)
Francesca Boarini (Università degli Studi di Cagliari)
Federica Casadei (Università degli Studi della Tuscia)
Cristelle Cavalla (Université Sorbonne Nouvelle)
Jean-Pierre Colson (Université Catholique de Louvain)
Simona Maria Cocco (Università degli Studi di Cagliari)
Mirella Conenna (Università degli Studi di Bari - Aldo Moro)
Gianluca Cosentino (Università degli Studi di Cagliari)
Paola Cotta Ramusino (Università degli Studi di Milano)
Valérie Delavigne (Université Sorbonne Nouvelle)
Olga Denti (Università degli Studi di Cagliari)
Can Denizci (Dokuz Eylül Üniversitesi)
Dmitrij Dobrovolskij (Institute of Linguistics, Russian Academy of Sciences)
Maria Grazia Dongu (Università degli Studi di Cagliari)
Ruggero Druetta (Università degli Studi di Torino)
Chiara Elefante (Alma Mater Studiorum – Università di Bologna)
Betül Ertek (Marmara Üniversitesi)
Natalia Filatkina (Hamburg Universität)
Oreste Floquet (Università degli Studi di Roma, La Sapienza)
Eleonora Fois (Università degli Studi di Cagliari)
Enrica Galazzi (Università Cattolica del Sacro Cuore di Milano)
Michela Giordano (Università degli Studi di Cagliari)
Giulia Isabella Grosso (Università degli Studi di Cagliari)
Erla Hallsteinsdóttir (University of Aarhus)
Geneviève Henrot-Sostero (Università degli Studi di Padova)
Fiorenzo Iuliano (Università degli Studi di Cagliari)
Sabine Elisabeth Koesters Gensini (Università degli Studi di Roma, La Sapienza)
Christine Konecny (Leopold-Franzens-Universität Innsbruck)
Angela Daiana Langone (Università degli Studi di Cagliari)
Emma Lupano (Università degli Studi di Cagliari)
Francesco Paolo Alexandre Madonia (Università degli Studi di Palermo)
Ilaria Meloni (Università degli Studi di Cagliari)
Amel Mesli (ESMT, École Supérieure de Management Tlemcen)
Giuliano Mion (Università degli Studi di Cagliari)
Fabio Mollica (Università degli Studi di Milano)
Philippe Monneret (Sorbonne Université)
Michela Murano (Università Cattolica del Sacro Cuore di Milano)
Anis Nouaïri (Université de Tunis et Institut Supérieur des Études Appliquées en Humanités de Zaghouan)
Paolo Orrù (Università degli Studi di Cagliari)
Duygu Öztin (Dokuz Eylül Üniversitesi)
Paola Paissa (Università degli Studi di Torino)
Antonio Pamies Bertrán (Universidad de Granada)
Fabio Parascandolo (Università degli Studi di Cagliari)
Rosario Pellegrino (Università degli Studi di Salerno)
Immacolata Pinto (Università degli Studi di Cagliari)
Ignazio Efisio Putzu (Università degli Studi di Cagliari)
Chiara Preite (Università di Modena e Reggio Emilia)
Chokri Rhibi (Université de Gabès)
Rania Samet (Université de Tunis)
Mario Selvaggio (Università degli Studi di Cagliari)
Maria Cristina Secci (Università degli Studi di Cagliari)
Patrizia Serra (Università degli Studi di Cagliari)
Inès Sfar (Sorbonne Université)
Faten Somai (Université de Tunis)
Kathrin Steyer (Leibniz-Institut für Deutsche Sprache)
Flavio Stochino (Università degli Studi di Cagliari)
Joanna Szerszunowicz (Uniwersytet w Białymstoku)
Veronka Szoke (Università degli Studi di Cagliari)
Massimo Tria (Università degli Studi di Cagliari)
Mark Turner (Case Western Reserve University)
Agnès Tutin (Université de Grenoble)
Fabio Vasarri (Università degli Studi di Cagliari)
Antonino Velez (Università degli Studi di Palermo)
Daniela Francesca Virdis (Università degli Studi di Cagliari)
Daciana Vlad (Universitatea din Oradea)
Daniela Zizi (Università degli Studi di Cagliari)
Comité d’organisation
Mariangela Albano (Università degli Studi di Cagliari)
Simona Maria Cocco (Università degli Studi di Cagliari)
Olga Denti (Università degli Studi di Cagliari)
Eleonora Fois (Università degli Studi di Cagliari)
Michela Giordano (Università degli Studi di Cagliari)
Paolo Orrù (Università degli Studi di Cagliari)
Daniela Francesca Virdis (Università degli Studi di Cagliari)
Les communications (en allemand, en anglais, en français, en italien ou en espagnol) doivent être envoyées à l’adresse suivante : imagomundi2024@gmail.com
Site Web :
https://sites.google.com/view/imagomundi2024conference/home?authuser=2
Date limite de soumission (max 3000 signes + orientations bibliographiques + biographie de 5 lignes) : 29 février 2024
Réponse du comité scientifique : 31 mars 2024
Dates du colloque : 9, 10 et 11 mai 2024
Remise des articles : 15 septembre 2024 au plus tard
Publication des actes : février 2025
Date limite de préinscription : 5 avril 2024, 100 €
Date limite de préinscription pour les membres EUROPHRAS et de l’association Do.Ri.F.: 5 avril 2024, 70,00 €
Date limite de préinscription pour les doctorants et pour les participants provenant des pays à monnaie faible : 5 avril 2024, 40 €
Date limite plein tarif : 09 mai 2024, 150 €
Date limite plein tarif pour les doctorants et pour les participants provenant des pays à monnaie faible : 09 mai 2024, 90 €