Source d’information qui paraît se soustraire à la communication et forme langagière qui répudie la parole, le silence manifeste sa présence par la rupture, et donc par l’absence momentanée, d’un flux sonore. Symbole du sublime naturel et de l’inspiration de l’artiste, il participe esthétiquement, graphiquement et stylistiquement à la construction du texte littéraire. « Le silence, apparente figure du vide, doit être compris comme une promesse de sens » (BOUCHARENC 1987, 240) : la nature polymorphe et paradoxale de ce phénomène implique et impose un travail de déchiffrement herméneutique à plusieurs niveaux. Qu’elle soit délibérée ou involontaire, une omission de la part de l’auteur questionne le lecteur sur les étapes diégétiques voire génétiques du récit, tandis que le silence d’un personnage impose des contraintes au co-énonciateur, surtout si ce dernier n’avait pas l’intention de réduire au silence son partenaire.