Rousseau, avec les Confessions, n’a pas fini d’explorer les profondeurs de son moi, d’autant que ce moi, vivant, ne cesse de
se heurter à de nouveaux événements, de rencontrer de nouvelles souffrances ou de nouveaux bonheurs. Les Dialogues,
les Rêveries sont le fruit d’une démarche consciente d’un écrivain qui expérimente diverses formes d’écriture; il se libère de la chronologie au profit du délire et du rêve; il préfère les coups de sonde du fragment à la continuité du récit. Dans ces expériences extrêmes de l’exploration du moi, il s’interroge et nous interroge sur l’identité, la mémoire, le statut de la littérature, toutes questions qui n’ont cessé de hanter notre XXe siècle, et risquent de connaître une acuité toujours renouvelée au XXIe.
Béatrice Didier est professeur émérite à l’École normale supérieure (rue d’Ulm). Elle a écrit de nombreux ouvrages, articles, contributions à des colloques sur la littérature française du XVIIIe et du XIXe. Elle s’intéresse tout particulièrement aux écritures du moi (Le journal intime, PUF; Stendhal autobiographe, PUF) et aux questions de l’identité (Chateaubriand: une identité trinitaire, Rodopi, 2019). Elle dirige, aux éditions Champion, la publication des Œuvres complètes de Chateaubriand et celle des Œuvres complètes de George Sand.