La traduction littéraire est encore de nos jours considérée comme un sous-produit du texte original, ou encore comme un mal nécessaire, et le très célèbre dicton «Traduttore traditore» est plus que jamais d’actualité. Chaque fois que l’on évoque la pratique de la traduction littéraire, on cite des phrases ressemblant à celle-ci : « une traduction ne saurait tenir lieu de l’original » (Bellos 2012). Mais, on est souvent incapable de préciser la nature de la trahison, ou mieux des trahisons commises par rapport au texte original. Les textes ici réunis tentent de montrer quand et pourquoi il y a mauvaise traduction littéraire. Ils essayent tous, selon différentes approches, de répondre aux questions suivantes : quels sont les éléments objectifs qui autorisent les lecteurs et les analystes à considérer telle traduction comme mauvaise ? Une traduction servile est-elle toujours mauvaise ? Qu’entend-on par l’expression traduction de deuxième ordre ? Et par traduction mécanique ? Depuis les «Belles infidèles» de Nicolas Perrot D’Ablancourt, au XVIIe siècle, y a-t-il de nos jours des traductions qui apparaissent aux yeux des spécialistes et des lecteurs comme « laides et infidèles » ? Peut-on avancer l’hypothèse, en paraphrasant José Ortega y Gasset, que presque toutes les traductions sont mauvaises et que « lire une traduction ce n’est pas lire une bonne oeuvre littéraire » ? (Ortega y Gasset 2004)
TABLE DES MATIÈRES
Gerardo ACERENZA – Introduction
Serge ROLET – Quand y a-t-il mauvaise traduction ?
Mzago DOKHTOURICHVILI – La retraduction d’une même œuvre littéraire serait-ce une solution pour améliorer la qualité de la traduction ?
Romain RICHARD-BATTESTI – Les traductions françaises des romans policiers de Tony Hillerman : de l’ethnocentrisme à la translatio exotique
Vinícius Gonçalves CARNEIRO – Traduire la contrainte : interrogations pour la tradition littéraire brésilienne
Davide VAGO – Un rythme, un souffle (in)fidèles ? La vocalité de Proust entre les langues
Thomas VUONG – La traduction poétique selon Yves Bonnefoy : trahir le poème au nom de la poésie ?
Elisa HATZIDAKI – La bande dessinée d’Hergé en grec : mutilations sémantiques dans les bulles
Andrea NAGY – Bien traduire pour séduire. Organisation textuelle et problèmes de traduction dans les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos
Larisa CEBUC, Ludmila ZBANŢ – La polyphonie et le paratextuel dans la traduction en roumain des romans de Frédéric Beigbeder
Fabio REGATTIN – Révisions, retraductions ? Les mauvaises traductions du théâtre québécois en Italie, en creux
Gerardo ACERENZA – Les interventions du traducteur dans le texte, ou comment rendre une traduction… mauvaise
Alberto BRAMATI – L’effacement de la focalisation dans la traduction en italien de la phrase clivée française
Fjoralba DADO, Eglantina GISHTI – Quelques réflesions sur le transfert de l’écriture durassienne en albanais
AUTEURS
RÉSUMÉS / ABSTRACTS
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE